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Une croyance locale...

 

Une croyance locale.

 

 

 

C'est en lisant un érudit local du Santerre, natif de Démuin dans la Somme, que j'ai pu lire qu'il existait une croyance local à propos de chés mouke à mié (les abeilles). Alcius Ledieu (1850-1912), dans ses petites chroniques du Santerre, en 1910 nous rapporte ce fait «  Les abeilles ont été et sont encore l'objet de bien des préjugés de la part du peuple des campagnes. Ainsi, on croit généralement que lorsqu'on adresse des injures à ces insectes, ils comprennent parfaitement le sens des paroles ; aussi ils ne manquent pas de se venger des paroles désagréables prononcées à leur intention ». Il est possible que cette anecdote nous démontre la pérennité de vieilles coutumes présentent dès l'époque gauloise, ce que me fait encore plus penser la suite du texte :

 

« On est également persuadé au village que les abeilles ne s'attachent à piquer de leur terrible aiguillon que les femmes dont la conduite n'est pas irréprochable, tandis qu’elles épargnent les femmes et les filles vertueuses. »

 

C'est dans ce paragraphe que la théorie prend son sens car chez les peuples celtes l'abeille était le symbole de la sagesse, ce qui expliquerait qu'elles épargnent les filles et femmes vertueuses... L'abeille était aussi le symbole de l'immortalité et bien des coutumes étranges sont faites à leur égard. En droit irlandais, le bechbretha (Gaulois *becco-britu : jugement des abeilles), désigne le droit qu'a sur les ruches sauvages, le propriétaire d'un terrain.

 

"Les Celtes se réconfortaient avec du vin miellé et de l'hydromel. L'abeille, dont le miel sert à faire de l'hydromel ou liqueur d'immortalité, est l'objet, en Irlande, d'une étroite surveillance légale. Un texte juridique moyen-gallois dit que "la noblesse des abeilles vient du paradis et c'est à cause du péché de l'homme qu'elles vinrent de là ; Dieu répandit sa grâce sur elles et c'est à cause de cela qu'on ne peut chanter la messe sans la cire". Même si ce texte est tardif et d'inspiration chrétienne, il confirme une tradition très ancienne dont le vocabulaire offre encore des traces (le Gallois cwyraidd de cwyr "cire" signifie "parfait, accompli", et l'Irlandais moderne céir-bheach, littéralement "cire d'abeille", désigne aussi la perfection). Le symbolisme de l'abeille évoque donc, chez les Celtes comme ailleurs, les notions de sagesse et d'immortalité de l'âme." J. Chevalier, A. Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Laffont / Jupiter, Paris, 1982.

 

Alcius Ledieu lui aussi nous livre une législation dans son texte de 1910 :

 

« Dans bien des pays (du latin pagus : ici des villages), on prétend qu'il ne faut jamais vendre une ruche pleine mais qu'on doit l'échanger contre un autre objet:- que celui qui la livre pour de l'argent s'expose à ce que les abeilles qui restent chez lui ne désertent son domaine par mépris ;- que lorsque le domaine passe à un héritier, si ce dernier jouit d'une mauvaise réputation, les ruches sont bientôt vides ;_ enfin que celui qui vole les ruches n'en profite pas. »

 

Je n'ai pas la preuve qu'il s'agisse ici d'une coutume celtique qui aurait perduré, je laisse les spécialistes de la mythologie l'accès à ce texte pour une analyse qui mérite d'être faite.

 

 

Benjamin Defert.

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